Congélation d'ovocytes : comment ça se passe ? Je vous raconte mon expérience


Hello ! 

Cette fin d'année 2023, j'ai congelé mes ovocytes. En en parlant autour de moi, j'ai réalisé que plusieurs de mes amies auraient aimé connaitre l'existence de la vitrification ovocytaire avant qu'il ne soit trop tard pour elles. Car oui, il y a une date limite - 37 ans. Donc, si mon témoignage peut aider ne serait-ce qu'une seule femme qui le désire à réaliser ce projet, je considérerais que c'était utile d'en parler. Je vous raconte ? 

La congélation d'ovocytes est légale en France pour toutes les femmes depuis le 1er janvier 2022. (Elle était seulement légale pour les femmes infertiles, our risquant de le devenir, jusqu'alors) 

Je ne sais pas si je désire être mère. Je n'ai tout simplement pas encore pris ma décision. Dans quelques années, la nature sera peut être moins de mon coté si je désire faire un enfant. Pour cette raison, pour me laisser un peu plus de temps pour prendre ma décision, j'ai décidé de congeler mes ovocytes. J'ai eu plus d'un an pour y réfléchir, car le parcours est long, bien accompagnée par de nombreuses infirmières, gynécologues et doctoresses. Je l'ai fait en sachant également qu'il n'est pas du tout certain qu'une potentielle PMA réussisse pour moi plus tard avec ces ovocytes. Le procédé augmente juste un peu mes chances d'arriver à être enceinte, avec mes propres ovocytes, plus tard si je le souhaite. 

J'ai appris fin 2022 que la congelation d'ovocyte était possible et légale. J'avais 35 ans. Cette intervention est autorisée de 29 ans jusqu'à la veille des 37 ans, mais j'ai préféré ne pas perdre de temps et j'en ai parlé illico à ma gynéco, qui m'a expliqué que les délais étaient courts, mais qu'on allait y arriver. Donc, un peu plus d'un an, c'est court. Elle m'a donné une liste d'établissements à contacter, car peu d'établissements proposent la congelation d'ovocytes, et ceux qui le proposent sont donc forcément pris d'assaut. Je les ai tous contacté (il y en avait 5), malheureusement, aucun n'a accepté ma demande. Liste d'attente interminable qui me ferait dépasser les délais, trop de demandes... Ah. Donc c'est légal, mais ça n 'est pas simple pour autant. J'ai cherché par mes propres moyens d'autres cliniques, plus loin. J'étais prête à bouger dans toute la France. Puis une amie m'a donné la référence du centre hospitalier des 4 villes, à St Cloud, qui venait tout juste d'ouvrir ce service - à tel point que j'ai eu la chance qu'il ne soit pas encore saturé, et qu'ils m'acceptent. 

A partir de là, c'est beaucoup d'examens. Il y a des examens sanguins à faire, des prélèvements vaginaux (qu'on peut réaliser soi même à la maison pour la plupart), des échographies. Il faut se déplacer dans des centres spécialisés (dans mon cas, ils étaient sur Paris, donc pas contraignants vu que j'habite en banlieue). Il y a des examens à refaire après quelques mois. Ca fait beaucoup d'examens, mais tout est étalé dans le temps, donc cette première phase se fait assez naturellement, petit à petit. L'idée, c'est de vérifier si vous êtes une "bonne candidate" à la congélation d'ovocytes. Je vais expliquer ça avec mes mots à moi, donc pardonnez moi. Mais en gros, on vérifie si votre réserve d'ovocytes est prometteuse. Si ça n'est pas le cas, on arrête là le processus, car il ne sert à rien d'aller vous opérer et vous faire prendre des risques pour que ça n'aboutisse à rien. 

De mon coté tout allait bien, donc j'ai pu continuer. 

J'ai du aller m'inscrire au centre hospitalier et rencontrer la cheffe de service, qui m'a informé sur les risques liés au traitement hormonal et à la ponction en elle même. J'ai assisté aussi à une réunion d'information en visio, qui explique bien tout le parcours. On m'a laissé un temps de reflexion, puis j'ai signé les papiers pour confirmer ma démarche. 

La partie un peu pénible a démarré environ deux semaines avant la ponction. On commence alors un traitement hormonal à base d'injection sous cutanée (piqures) et de spray nasal (je me suis retenue d'écrire "pschitt dans le nez".) C'est un peu intimidant de se faire les piqures soi même. J'aurais eu un peu de mal, mais mon copain s'en est brillamment chargé, chaque soir à la même heure. Il faut ensuite aller à l'hôpital très régulièrement, pour des prises de sang et échographie. On vérifie la taille des ovocytes, des follicules, et les taux hormonaux, car on se prépare à déclencher l'ovulation. Ces vérifications servent aussi à connaitre les bons dosages à s'injecter. En gros, il faut stimuler les ovaires doucement mais surement. 

Pendant une dizaine de jours, on va à l'hopital tous les 2 ou 3 jours. Ca n'a pas perturbé mon travail car les rdv étaient fixés à 8h, et j'avais le temps de rentrer pile à l'heure pour démarrer ma journée. 

Après chaque passage au centre hospitalier, on reçoit un e-mail des infirmières qui indiquent la marche à suivre. Elles précisent les dosages à s'injecter, par exemple. Puis au bout de 10 jours environ, on a rdv pour la ponction (le grand jour !). Il y a aussi un rendez-vous avec l'anesthésiste à honorer. 

Je n'ai pas eu de douleurs pendant cette période, mais plutot un inconfort dû à mes ovaires très gonflés (et oui, on les a stimulé pour qu'ils donnent le max d'ovocytes) Ca n'est pas agréable, mais dans mon cas c'était gérable. C'est apparemment plus douloureux pour les femmes souffrant d'endométriose. 

Deux jours avant la ponction, il faut se faire une dernière piqure, à minuit. La veille, il faut mettre un ovule avant d'aller se coucher. Le matin de l'opération, je suis allée à jeun à l'hopital. Je suis entrée dans ma chambre à 10h30 et l'opération a eu lieu vers midi. Ca ne dure qu'une quinzaine de minutes, et j'étais sous anesthésie générale. Tout s'est très bien passé, à mon réveil on m'a on m'a apporté un plateau repas, et puis j'ai pu rentrer chez moi (accompagnée bien sûr.) J'étais patraque et très fatiguée toute la journée, du coup j'ai simplement dormi. J'ai au total été arrêtée 3 jours, je me suis reposée et je n'ai pas fait d'efforts ces jours là. J'ai appris le lendemain de l'opération que nous avons réussi à ponctionner 13 ovocytes, dont 10 "viables" (= congelables) J'ai eu le choix de faire tout le process une nouvelle fois, car on a le droit de congeler jusqu'à 15 ovocytes. J'ai décidé de m'arrêter là. De toute manière, les délais étaient très shorts pour moi, donc j'avais été prévenu que, potentiellement, on n'aurait le temps de faire qu'une ponction. 

J'aime autant vous expliquer que j'ai eu un gros inconfort dans les jours suivants la ponction, dû à beaucoup d'air dans l'estomac (apparemment c'est normal d'injecter de l'air quand on fait ce genre d'opération ? Je ne le savais pas, mais ça m'aurai plu de le savoir) Mon organisme étant à l'arrêt à cause de l'opération, j'ai eu droit à une belle constipation. Ca n'est pas glamour, mais au moins, vous savez que ça peut arriver. Un tour chez l'osthéo (= magicien) et tout était en place pour moi. Une semaine après l'opération, mon corps n'a plu eu aucun inconfort, tout est revenu à la normale. 

Pour finir, j'ai eu un traitement de 2 semaines pour reprendre un cycle normal. Maintenant, je n'ai plus à m'occuper de rien, sauf payer chaque année pour la conservation de mes ovocytes. C'est une quarantaine d'euros, et c'est la seule chose à ma charge. Tout le reste a été pris en charge par la sécurité sociale et ma mutuelle. 

Avant de passer au récap et aux détails pratiques, j'aimerais souligner que chaque expérience est différente. Une opération n'est pas quelque chose d'anodin. Par cet article, je veux juste faire savoir aux femmes que la congélation d'ovocyte existe, car je trouve très dommage de passer à coté à quelques mois près par exemple. Aussi, j'aurais aimé moi même lire ce genre de témoignage avant de me lancer, car ça m'aurait rassuré de ne pas aller vers l'inconnu. 

Dernier point : la vitrification ovocytaire n'est pas une solution magique. Une grossesse "tardive" comporte des risques (pour la mère et pour l'enfant), donc c'est à chacune de réfléchir à ce projet et de se renseigner avant de se lancer ou non. 


Qui peut congeler ses ovocytes ? 

Toutes les femmes peuvent désormais le faire, même celles qui ne sont a priori pas infertiles. Il faut avoir entre 29 ans et 37 ans pour pouvoir le faire (mais, comme je vous l'ai dit, il faut s'y prendre à l'avance pour trouver une place, donc n'attendez pas le dernier moment). 

Combien ça coute ? 

La sécurité sociale prend en charge tout le processus. Il faut juste payer 40€ chaque année pour la conservation des ovocytes. C'est la seule dépense qui n'est pas remboursée. 

Allez, j'ai aussi payé 10€ de ma poche pour ma chambre d'hopital, car ma mutuelle prenait en charge 80€ et la chambre coutait 90€. J'aurais très bien pu ne pas prendre de chambre, c'était mon choix. (Je ne regrette pas, au contraire, j'ai pu me préparer tranquillement, et mon copain était avec moi dans la chambre. Donc dès mon réveil on m'a ramené dans ma chambre, et j'ai pu me réveiller sereinement avec lui à mes cotés.) 

Après la ponction, que se passe-t-il ? 

Une fois que la ponction a été faite ("la" ou "les" ponctions, car parfois, si on n'a pas récolté assez d'ovocytes matures, on peut en faire une deuxième), vos ovocytes sont conservés (hop, au congel). Vous pouvez ensuite les utiliser pour faire une PMA si vous le souhaitez, jusqu'à vos 45 ans. 

Si vous décidez de ne pas mettre en marche de projet bébé, vous pouvez donner vos ovocytes à une famille qui en a besoin. Vous pouvez aussi faire dons de vos ovocytes à la science, ou choisir de les détruire. 




Commentaires

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  1. Bravo pour ce post, c'est courageux. Je pense comme toi, ton expérience peut servir à d'autres alors c'est bien de l'avoir fait. Gros bisous ma poulette 😘

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    1. Merci maman ! oui j'ai reçu plein plein de commentaires de femmes qui ne connaissaient pas, donc j'ai le sentiment du devoir accompli !

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  2. coucou ! j'ai lu attentivement ton article alors que j'ai plus de 39 ans et plus d'utérus ahah ! le ton employé est parfait et je pense qu'il aidera beaucoup de femmes. J'ai appris des choses alors merci et excellente journée à toi. Bisous

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    1. Merci beaucoup pour ton retour positif :) Je suis ravie si j'ai pu t'apprendre des minis choses ;)

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  3. Coucou Slanelle !

    Merci beaucoup pour ton témoignage ! C’est très intéressant de savoir comment ça se passe et aussi très rassurant.

    Je trouve que tu as eu beaucoup de courage de le faire donc vraiment bravo !

    Belle journée à toi :)

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    1. Merci beaucoup pour ta bienveillance ! Si j'ai pu rassurer, je suis ravie :)

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  4. Merci de parler de cette intervention, j'espère que ça pourra changer les mentalités également sur l'infertilité et parler du syndrome des ovaires polykystiques qui touche énormément de femmes et dont on parle peu versus l'endométriose. Ce syndrome est tout aussi douloureux, handicapant et est souvent diagnostiqué trop tardivement. A 35ans, avec mon mari, on est en PMA avec FIV ICSI depuis 2ans, les ponctions d'ovocytes (les miennes ne se sont pas aussi bien passées soit dit en passant) sont devenues "habituelles" pour avoir la chance d'avoir un enfant et les medecins qui paraissaient confiant ne le sont plus du tout. J'aurai aimé qu'on me prévienne de ce genre de risques il y a 10ans ! Ma gyneco de l'époque aurait pu déceler le syndrome des ovaires polykystiques bien plus tôt !

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