La fille qui n'avait pas le temps

 Au moment où j'écris, je suis installée dans mon canapé, en onesie mouton, sirotant une tasse de Rooibos. J'écoute Yodelice, et je suis bien. Si je suis bien, c'est parce que j'ai pris récemment une décision : celle de m'arrêter. 

Voyez-vous, j'ai fait un constat assez terrifiant : j'étais quelqu'un qui n'avait plus le temps. Jamais. Pour rien. J'étais en mode organisation hardcore, toujours en train de faire quelque chose ou de profiter d'un moment off (un trajet en train, l'attente d'un bus, le temps de faire cuire les pates) pour mettre à profit ces quelques minutes et en faire quelque chose "d'utile" (relayer un post sur les réseaux sociaux, téléphoner à untel ou untel). Tant et si bien que mon cerveau ne se reposait jamais vraiment, et ne faisait que calculer les minutes, planifier, compter, organiser. 

C'est épuisant, et peu reluisant, de devoir "caser" certaines activités au seins d'autres activités. 

Quand je me réveille le matin et que je vois tous ces petits points sur mon calendrier, ça me stresse. Même si techniquement il y a assez d'heures dans ma journée pour contenir tous ces rendez-vous, je ressens une certaine pression que j'ai du mal à expliquer. Et c'est pire quand je vois toutes ces notifications Iphone sous forme de petites bulles rouges. C'est rouge, c'est important, il FAUT répondre, il FAUT tout lire, tout checker. Si bien que je survole tout, même les textos de la famille, même les messages sympas de mes amis. 

Tenir un blog depuis 13 ans, c'est accepter le fait de recevoir chaque jour une centaine d'e-mails. Certains ne nécessitent pas de réponses, d'autres, si. Avoir un blog c'est aussi un peu comme avoir une double vie. Il y a les activités de Slanelle, la narratrice, et les miennes (l'auteur, en quelques sortes.) Ajoutons à ça le boulot. Ajoutons à ça un chéri.  Ajoutons à ça des amis. C'est très bien tout ça. C'est une vie rêvée. Mais j'ai bien du mal à tout concilier sans négliger l'un ou l'autre.

J'ai donc pris la décision de lever le pied, et de consacrer mon temps et mon énergie à ce et ceux que j'aime vraiment. Je veux apprendre à ne rien faire. De temps en temps. Je veux prendre un bain sans en profiter pour téléphoner, prendre un métro sans essayer de battre mon score à Triple Town, prendre un RER sans checker mes e-mails. Je veux essayer d'arrêter de faire quelque chose et "d'en profiter pour". Je veux vivre le moment, sans me mettre la pression, sans penser que je vais être en retard, sans trembler devant un calendrier surchargé. Je veux rigoler devant Koh Lanta, me régaler dans un bon restaurant, m'extasier devant un beau paysage. Tran-quille-ment. 

Alors ne m'en voulez pas si je ne réponds pas à votre mail. Mon cerveau a décrété qu'il avait besoin de vacances et vous prie de ne pas lui en tenir rigueur. 

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