Grrrr

Y'a des jours comme ça, il faut se lâcher un peu et avoir le courage de porter ce qu'on a envie de porter. Je parle de cette tenue, mais pas que. Parce que moi, avec mon legging léopard et le rappel couleur scratch-débardeur, je ne suis pas passée inaperçue, mais j'en ai l'habitude, et je n'y porte plus guère attention. Bien sûr, je suis comme tout le monde : certaines fois, je n'ai pas assez confiance en moi pour sortir dans la rue habillée exactement comme je le voudrais. Parfois je trouve mon short trop court, mon jean trop moulant, mon haut trop coloré, j'en passe et des meilleures. Je ne devrais pourtant pas remettre en question mes envies à cause du qu'en dira-t-on. Donc aujourd'hui, j'ai envie de vous dire d'oser. Malheureusement, je sais que nous sommes dans un société ou oser n'est pas forcément bien vu, et où se démarquer peut parfois être source de problèmes. 

Je ne peux pas parler pour les garçons. Etant née comme je suis née, je ne peux qu'imaginer ce que ça doit être d'être raillé par des prétendus 'copains' quand on ose s'habiller différemment. Je peux par contre parler aisément de ce que c'est que de vouloir simplement être soi même et s'habiller comme ça nous chante quand on est une fille, une femme, une demoiselle, une meuf quoi. Déjà, il faut affronter le désaveu des copines (derrière votre dos, mais une autre copine bien intentionnée sera toujours là pour répandre la bonne parole jusqu'à vos oreilles), qui, trois ans plus tard, porterons exactement ce qu'elles décriaient si vivement jusqu'alors. Pas bien méchant. Des victimes de la mode, plus bêtes que méchantes, justement. 

Non, le plus difficile, encore en 2013, c'est d'oser sortir du lot à des moments où on préférerait finalement n'être pas remarquée : quand un groupe de mecs arrive sur votre trottoir, au moment où il est trop tard pour en changer. On baisse les yeux, on feint d'être terriblement absorbée par notre musique, on prétend ne pas avoir entendu les remarques, les appels, les sifflements. Quelques mètres plus tard, le danger derrière (car du danger, ça en est, quand on est une femme seule), on s'en veut de ne pas avoir remis à leur places les pauvres garçons qu'on vient de croiser. Ces tentatives (et souvent réussites) d'intimidation quotidiennes me tapent de plus en plus sur le système. 

Je suis un peu outrée qu'encore aujourd'hui, ce genre d'histoires nous arrive à toutes, tous les jours. Je suis outrée de l'attitude des garçons (ce ne sont pas des hommes), et je suis outrée de notre réaction à nous aussi (ou plutôt notre non-réaction). Mais dîtes moi, que pouvons nous faire ? L'ouvrir et risque de s'en prendre une (voir pire), attaquer direct par un crochet du droit (encore faut-il maitriser la technique), ou essayer d'entamer une discussion qu'on sait stérile ?

J'ai découvert ce site sur Madmoizelle, et j'espère qu'il fera bouger les choses. Peut être que si on raconte toutes nos mésaventures quotidiennes, les choses bougeront un petit peu face à l'ampleur de phénomène...

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